Ces 1er et 2 décembre 2015 avait lieu à l'Hôtel Le Royal la troisième édition de la conférence européenne Smart & Living City, lancée voilà trois ans. Organisée cette année par Neobuild, Luxinnovation et le Conseil pour le Développement économique de la Constuction asbl (CDEC), la conférence s'adressait à l'ensemble des acteurs de la ville : responsables politiques, architectes, urbanistes, sociologues, entrepreneurs, constructeurs, gestionnaires de bâtiments, énergéticiens, acteurs du secteur ICT, services techniques des communes, conseillers environnementaux, spécialistes de la mobilité, acteurs de l'économie solidaire et citoyens. Une cible très variée pour une thématique touchant à presque tous les aspects de l'économie et de la vie en société : construction, énergie, mobilité, loisirs, travail, etc. Les défis sont également multiples : financiers, technologiques, environnementaux et sociétaux.
Le Luxembourg a un rôle indéniable à jouer dans la mise en place des Smart Cities. Sa taille, ses courts circuits décisionnels, son modèle socio-économique, son multiculturalisme, son taux de connectivité parmi les plus élevés au monde, etc. sont autant d'atouts qui en font un excellent "testbed" pour les nombreuses solutions développées. Dans certaines thématiques, comme la Smart Finance ou la construction durable avec les nombreuses réalisations luxembourgeoises primées au niveau européen, le Luxembourg est même précurseur.
Lors de son allocution d'ouverture, la Secrétaire d'Etat à l'Economie, Francine Closener, a rappelé que, dans un futur proche, deux tiers de la population mondiale vivront dans des villes. Le Luxembourg n'échappera pas aux problèmes qui se poseront en terme d'impact environnemental ou de saturation des réseaux routiers, par exemple. C'est pour cela que la thématique des Smart Cities fait partie intégrante de nombreux programmes de financement. Elle a également souligné la place qu'occupent les technologies digitales, et plus particulièrement la gestion et le stockage des données, dans le développement des Smart Cities. Le Luxembourg investit depuis plus de dix ans de manière importante dans ces infrastructures digitales qui, couplées avec les compétences très pointues qui existent au Luxembourg, permettront au pays d'asseoir son rôle de "testbed".
Les compétences pointues pour rendre nos villes plus "smart" se trouvent notamment au Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) pour qui la Smart City est un des fils conducteurs. Son département "IT for Innovative Services" (ITIS) travaille sur les systèmes intelligents dans des environnements complexes et en changement continu. Les domaines d'application sont la construction, la santé et le bien-être, la mobilité et les services IT. Parmi les projets les plus illustratifs, citons le projet GOLIATH. Cofinancée par le Fonds National de la Recherche (FNR), l'équipe de recherche travaille sur la maison du futur dans laquelle les objets interagiront entre eux pour assurer à l'utilisateur les conditions de confort correspondant à ses attentes. Dans le projet ZAC-eMovin et Nordstad-eMovin, clôturés il y a peu, les chercheurs se sont intéressés aux solutions d'électromobilité dédiées aux zones d'activités (ZAC) industrielles, pour le premier, et à la Nordstadt, pour le second. Dans le projet européen du 7ème Programme-cadre de recherche V-Feather, ITIS a travaillé avec un consortium de huit partenaires sur l'opportunité d'utiliser des véhicules électriques pour la livraison de marchandises en milieu urbain, cette dernière étant une source importante de congestion et de pollution des centres-villes. Dans le domaine des matériaux, le département "Materials Research and Technology" (MRT) s'intéresse aux matériaux multifonctionnels. Ainsi, dans le projet CO-FERMAT, cofinancé par le FNR, les chercheurs de MRT investiguent les phénomènes de couplage dans les matériaux ferroïques multifonctionnels, ce qui ouvrira la porte à toute une série de nouvelles applications dans le domaine des smart sensors. Enfin, le département "Environmental Research and Innovation" (ERIN) se penche, quant à lui, sur les questions liées à la gestion intégrée des ressources en eau, la valorisation de la biomasse végétale pour la production de biopolymères et de bioénergie et à l'analyse de la durabilité dans le cycle de vie et l'évaluation des risques. Un aspect important des travaux de l'équipe de recherche en environnement concerne la visualisation des données environnementales qui permet aux parties prenantes de prendre rapidement les bonnes décisions.
Lors de la conférence, Dr Lucien Hoffmann, directeur du département ERIN, a ainsi présenté l'outil "Smart City Platform" qui permet de modéliser des données complexes afin de faciliter la prise de décision. Développé dans le cadre du projet Interreg MUSIC qui visait la réduction des émissions de CO2 en zone urbaine pour donner aux urbanistes et aux administrations locales accès à des cartographies énergétiques, d'émissions de CO2 et d'identification d'opportunités d'échange d'énergie et de contrôle des effets, l'outil "Smart City Platform" est depuis utilisé pour d'autres thématiques, comme notamment dans le projet Interreg LaMiLo, pour le transport de marchandises en zone urbaine, le transport multimodal du fret dans le couloir Ouest-Est de l'Europe, la qualité de l'air, le climat, etc. L'outil est couplé à une interface tangible développée par le département ITIS pour faciliter le processus de décision collaborative et l'interaction avec des cartes thématiques. D'autres thématiques seront prochainement intégrées dans l'outil, dont la méthodologie développée dans le projet FNR DAEDALUS qui permet d'appliquer l'Analyse du Cycle de Vie (ACV) dans le domaine de la rénovation. Ce sera un pas de plus vers des villes plus "smart".
Pour en savoir plus sur l'outil, visitez les sites Internet dédiés à la "Smart City Energy Platform" et à la "Smart City Logisitcs Platform" ou contactez Ulrich Leopold.
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