Le projet «EFFO», lancé en 2015, vise à réduire le risque de contamination des eaux souterraines d'ici 2020 grâce à une rotation adaptée des cultures de colza. À l'occasion de la fin de la seconde année expérimentale du projet, les ministres de l'Agriculture et de l'Environnement, Fernand Etgen et Carole Dieschbourg, ont pris part, hier, à un séminaire, qui s'est tenu au Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST), pour faire le point sur les avancées.
Source : Le Quotidien
Publication date : 11/22/2017
Le projet «Efficient Crop Rotation Systems for Oilseed Rape» (EFFO, Systèmes efficaces de rotation des cultures pour le colza oléagineux), cofinancé par le ministère du Développement durable et des Infrastructures, le ministère de l'Agriculture et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, met différents acteurs à contribution. Mené sur la base d'une convention entre l'ASBL Fördergemeinschaft Integrierte Landbewirtschaftung (FILL) et l'État, le projet inclut des experts du LIST en science des plantes et biotechnologies, qui ont pour mission principale d'acquérir et de réaliser les analyses scientifiques des données provenant du terrain. Quant à ces données, elles émanent d'essais effectués par la Chambre d'agriculture sur des sites situés dans des zones de protection de l'eau : la région de la Haute-Sûre, les champs expérimentaux de Bettendorf et les zones «classiques» de culture du colza, dont celles s'étendant de Luxembourg à Schengen (de 5 à 15% des terres arables) et les zones de forte culture du colza que représentent les communes de Differdange et Rumelange (de 15 à 20%). Au bout de la chaîne, ce sont les élèves du lycée technique agricole d'Ettelbruck qui profiteront des découvertes faites au cours du projet, celles-ci étant intégrées dans leurs programmes d'études.
Etgen : «Le projet porte ses premiers fruits»
Dans leurs allocutions respectives, les parties prenantes du projet, dont le chercheur du LIST Michael Eickermann, ont souligné que le colza d'hiver est cultivé sur 4 000 ha en moyenne par an au Luxembourg et qu'il se caractérise par une utilisation intensive d'engrais et de pesticides, en particulier d'herbicides : « De quoi soulever la question d'une agriculture plus verte. Les partenaires travaillent ainsi, grâce à des essais de terrain agricoles multilatéraux, à l'identification de techniques de culture adaptées et à l'exploration de substituts potentiels », a-t-on insisté du côté du LIST. Car les ennemis jurés de l'eau potable se nomment métazachlore et herbicides.
Cela étant, et bien que le ministre de l'Agriculture, Fernand Etgen, ait déclaré qu'« il est trop tôt pour tirer un premier bilan », il a salué le fait que « le projet porte ses premiers fruits » et encouragé « la pratique de l'agriculture durable ».
Concrètement, les parties prenantes ont évoqué « des résultats prometteurs après deux années expérimentales ». Ainsi, en 2016, les partenaires ont pu révéler le potentiel de nouvelles techniques de cultures. Notamment celle du «colza associé», qui consiste en une culture mixte de colza, de lentilles et de trèfle : « Permettant de réduire le nombre d'applications d'herbicides et le risque de contamination des eaux souterraines, ces cultures peuvent être intégrées avec succès dans l'agriculture, même si elles modifient les procédures opérationnelles des agriculteurs », a-t-on indiqué, hier, du côté du LIST. Les chercheurs se sont aussi dits « surpris » par les « très bons rendements de la culture du
colza oléagineux biologique ». À partir de ce constat, l'analyse des parties prenantes est sans équivoque : « Les conditions de croissance étaient favorables au colza en 2017, et ce, malgré la forte pression d'insectes nuisibles. Si ces résultats doivent être confirmés dans les années à venir, cette culture apparaît d'ores et déjà comme une réelle opportunité pour les agriculteurs producteurs biologiques », ont-elles fait valoir. À noter enfin que, compte tenu de ces éléments, le ministre Etgen a recommandé l'adoption d'« une approche similaire pour traiter la problématique de l'usage de glyphosate ».
L'innovation au service de la durabilité Vers la culture alternative du chanvre Par ailleurs, les parties prenantes au projet ont annoncé que les essais sur le terrain se poursuivront au cours des prochaines années et se concentreront sur les résidus des herbicides dans le sol des différentes variétés expérimentales. Ainsi, en tant qu'alternative possible au colza, le chanvre producteur de pétrole sera cultivé, puis testé. |
Appel aux décideurs politiques Les parties prenantes au projet EFFO ont formulé certaines remarques et recommandations à l'intention des deux ministres présents : «Actuellement, il n'y a guère d'autres cultures oléagineuses que le colza en tant que culture domestique. Par conséquent, le soutien aux conseils de recherche scientifique et au transfert de connaissances dans le domaine de la culture du colza est essentiel.» En la matière, trois points ont été développés : «En ce qui concerne la lutte contre les mauvaises herbes, il existe des stratégies de culture, qui sont prêtes à être mises en pratique, mais qui doivent cependant être davantage développées. La problématique des insectes nuisibles, à l'heure actuelle, la plus importante, implique l'élaboration d'outils de recherche tels que des modèles de projection. Enfin, et avant toute chose, les méthodes de culture alternatives nécessitent l'utilisation de technologies de précision modernes («precision farming»), qui doivent davantage être développées.» |
CLAUDE DAMIANI