Avec l'installation de SES il y a trente ans, le Luxembourg dévoilait de réelles ambitions pour le secteur aérospatial. Aujourd'hui, les compétences du pays dans ce domaine sont unanimement reconnues. Yves Elsen, président du Space Cluster et CEO de la société HITEC, active dans le domaine, évoque la manière dont le Luxembourg rayonne jusque dans l'espace.
Source : Entreprises magazine novembre/décembre 2015
Date de publication : 26/11/2015
Pouvez-vous nous expliquer comment le secteur aérospatial luxembourgeois rayonne à l'international ?
Le secteur aérospatial est aujourd'hui bien connu à l'échelle internationale et ce, depuis de nombreuses années déjà. Tout a commencé avec l'installation voici une trentaine d'années de SES Luxembourg. Celle-ci a contribué à asseoir la bonne réputation du pays dans le domaine. Il y a dix ans, le Luxembourg a intégré l'Agence Spatiale Européenne (ESA), renforçant de fait sa position comme acteur important du secteur.
Qu'est-ce qui a fait le succès de ce développement ?
L'installation d'une activité aérospatiale au Luxembourg est révélatrice d'un esprit entrepreneurial, d'une volonté de développer une vision à long terme de recherche et d'innovation dans un secteur porteur. Il y a trente ans, quand le Luxembourg a décidé de s'inscrire dans cette logique, on ne pouvait imaginer ce qui allait advenir. Aujourd'hui, on peut se féliciter d'avoir choisi d'investir dans la gestion opérationnelle des satellites, mais aussi de cette forme d'audace. Ce sont les efforts consentis à l'époque qui font que le Luxembourg est aujourd'hui bien positionné sur un secteur industriel d'avenir, réel levier de diversification économique à exploiter.
De quelle manière le Luxembourg excelle-t-il dans ce secteur?
Notre pays est actif dans plusieurs domaines, le principal étant le développement d'applications, découlant d'une activité de gestion opérationnelle des satellites en orbite. Derrière, nous avons d'importants atouts avec une grande expertise dans les technologies d'information et de communication pour la préservation et la transmission des informations. Enfin, le Luxembourg s'est doté de centres de compétences performants dans le domaine de la recherche publique. On peut évoquer le SnT - Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust, qui émane de l'Université, ou encore des projets du Luxembourg Institute of Science and Technology - LIST, liés à l'observation de la terre et du climat depuis les satellites.
Comment le Luxembourg se distingue-t-il dans le secteur aérospatial ?
Par les compétences dont nous disposons et que nous sommes parvenus à attirer, notamment grâce à la notoriété de SES. Aujourd'hui, le Luxembourg, par sa position, en étant membre de l'ESA, attire de nouvelles sociétés, désireuses notamment de développer des applications découlant de la gestion opérationnelle de satellites, du traitement de l'information qu'ils nous permettent de recueillir. Le Luxembourg dispose des atouts et des compétences pour développer de nouvelles synergies créatrices de valeur.
Comment le secteur peut-il aller plus loin?
Dire qu'il faut aller plus loin, c'est sous-entendre qu'on n'aurait pas encore été loin assez. Or, on peut déjà être fiers de ce qui a été accompli en trente ans. Le secteur représente aujourd'hui 700 emplois directs, pour une trentaine d'organisations, et contribue au PIB national à hauteur de 1,9 %. Le principal enjeu réside avant tout dans la consolidation de l'écosystème que nous sommes parvenus à mettre en place et dans la poursuite de la diversification des activités.
Il faut notamment pouvoir attirer des acteurs qui désirent développer des applications. Autour de SES, de nombreuses synergies sont possibles. Des initiatives vont dans ce sens. On peut notamment citer l'établissement d'un centre EarthLab, le cluster mondial de géo-information de surveillance de l'environnement, au Luxembourg. EarthLab Luxembourg S.A. vise le développement des solutions et des services dans le domaine de la prévention et de la gestion des risques industriels et naturels.
Propos recueillis par Sébastien Lambotte