Biodiversité : les efforts paient

Si l'état général de la nature reste préoccupant au Luxembourg, les programmes de surveillance de la biodiversité du pays portent aussi leurs fruits, a rappelé hier le LIST. Alors que la situation pour certaines espèces s'est améliorée, notamment à la suite de mesures de protection des milieux, la situation s'est en revanche détériorée pour d'autres espèces, en raison de l'urbanisation croissante et des pratiques agricoles menant à la perte d'habitats favorables, note le LIST.

Source : Le Quotidien
Date de publication : 23/11/2017

Zones humides, prairies sèches, rivières, forêts… La nature du Grand-Duché, aujourd'hui, n'a plus grand-chose à voir avec celle d'il y a un siècle. L'environnement est fortement impacté par des décennies de développement urbain et agricole, et rarement en bien.

Aussi, il est toujours rassurant de voir que l'action de l'homme est aussi, parfois, positive. Pour Gilles Biver, spécialiste de la biodiversité au ministère du Développement durable, « la situation actuelle montre que là où l'on fait des efforts pour améliorer la biodiversité, on obtient des résultats ».

Mais, poursuit-il, « on arrive surtout à avoir des résultats pour certaines espèces emblématiques, comme la cigogne noire ou le milan royal. Ces espèces se portent très bien, parce qu'on peut protéger leur site de reproduction et de nourriture. Mais dès que l'on a des espèces avec des habitats plus communs, ou moins facilement protégeables, notre action est forcément plus difficile… »

Hier, le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) a présenté ses programmes de surveillance de la biodiversité existante au Luxembourg. Le constat est contrasté.

Du côté de la flore, en termes de plantes non vasculaires, les cladines (groupe de lichens) se concentrent notamment dans la région de l'Oesling, et le coussinet des bois, mousse se rencontrant dans les plantations d'épicéa, se retrouve surtout dans la région du Gutland. La dicrâne verte, mousse que l'on rencontre généralement sur la base des troncs de feuillus, se propage vers le nord du pays. Enfin, une nouvelle espèce de sphaignes, Sphagnum angustifolium , a été découverte sur le sol luxembourgeois.

Au niveau des invertébrés, la sangsue médicinale n'a pu être observée que dans le Gutland, malgré l'existence de nombreux sites favorables sur l'ensemble du pays. Sur les deux espèces d'écrevisses indigènes, seule subsiste, et dans un seul complexe d'étangs, l'écrevisse à pattes rouges. En parallèle, l'écrevisse signal, forte consommatrice d'invertébrés aquatiques, est en train de coloniser le Wollefsbaach à Useldange et doit faire l'objet de mesures de contrôle. Enfin, pour les papillons, des analyses sont actuellement en cours dans le cadre de l'atlas des papillons de jour du Luxembourg.

La loutre d'Europe a disparu des radars

Pour les espèces d'amphibiens et de reptiles, les connaissances de distribution du crapaud accoucheur et du triton crêté, ainsi que du lézard des souches et du lézard des murailles, ont été élargies. De même, de nouveaux sites pour les espèces telles que les couleuvres, l'orvet et le lézard vivipare ont pu être observés. Quant aux populations déjà présentes, la rainette arboricole, le crapaud calamite et le sonneur à ventre jaune, celles-ci sont stables et localisées.

Enfin, en termes de mammifères, le chat sauvage est relativement bien réparti au Luxembourg, avec une présence accrue d'individus hybrides dans certaines régions comme l'Alzette supérieure. À l'instar du chat sauvage, la martre occupe la plupart des régions du pays, une occupation stable depuis plusieurs années.

Le putois européen, difficile à observer, a pu être repéré dans les mois de mars-avril à proximité de points d'eau. Le muscardin, espèce dont la distribution était méconnue avant la mise en place du programme de surveillance, se révèle être présent de manière assez homogène dans l'ensemble du pays, alors que la loutre d'Europe n'est plus observée de nos jours au Luxembourg.

Sus aux envahisseurs!

Une préoccupation récente au niveau européen est la présence et l'extension des espèces exotiques envahissantes telles que le raton laveur, le ragondin ou certaines plantes aquatiques. Dès lors, un nouveau programme vient d'être lancé. Dans ce programme, l'accent est mis sur la prévention, la détection précoce et l'éradication de ces espèces et enfin la gestion dans les sites exposés. Un système de surveillance couvrant le territoire et utilisant les données déjà existantes est en cours de mise en place, notamment via le développement d'applications pour smartphone. La participation des citoyens, encouragée, est primordiale pour l'observation de ces espèces.


ROMAIN VAN DYCK

 

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