Les centres de recherches publics Gabriel Lippmann et Henri Tudor ont fusionné au premier janvier 2015 pour donner naissance au LIST. Le Luxembourg Institute of Science and Technology entend «établir un pont entre les recherches fondamentales et appliquées, cette dernière pouvant profiter au secteur économique». Explications de son directeur général, le Dr Fernand Reinig, titulaire d’une maîtrise de mathématiques et docteur en informatique.
Source : Lëtzebuerger Gemengen Février 2017 n° 195
Date de publication : 14/02/2017
Comment peut-on définir le LIST?
Si l’Europe produit beaucoup de connaissances (et le nombre de prix Nobel en est un signe), elle peine plus que d’autres territoires à les mettre au service de l’économie réelle. Ce phénomène touche peut-être plus particulièrement le secteur industriel. Or notre action s’inscrit dans un contexte mondialisé où les entreprises sont contraintes à la compétitivité. En se détachant de la production standardisée, l’Europe se dirige vers une spécialisation précieuse: le client exprime de plus en plus ses besoins, ce qui entraîne une individualisation des produits. Ce contexte justifie notre mission.
Le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) est un RTO («Research and Technology Organisation») dont le but est d’accélérer le transfert de technologie de la recherche fondamentale vers les entreprises, pour permettre l’innovation. Il s’agit de renforcer ainsi l’industrie luxembourgeoise et la diversification économique du pays impulsée par le gouvernement. Ce sont bien l’innovation et la recherche qui renforceront l’attractivité du Luxembourg de demain, au profit de ses habitants et dans le respect de notre environnement et de notre cadre de vie. Le Grand-Duché est très ambitieux et visionnaire en la matière, et c’est entre autres le LIST qui permettra d’atteindre ces objectifs.
Quels sont vos domaines de recherche et en quoi diffèrent-ils de la recherche académique?
De façon générale, si la recherche pratiquée dans nos trois départements est semblable à celle des universités, nous apportons néanmoins un soin particulier à en développer les applications concrètes.
Les défis environnementaux sont relevés au sein du département “Environmental Research & Innovation (ERIN)”. Nous y travaillons par exemple en lien avec plusieurs communes et ministères pour diminuer leur empreinte écologique. Nous jouons aussi le rôle de “helpdesk” concernant l’application de la directive REACH, qui concerne les produits chimiques.
Les transformations digitales sont traitées au sein de l’ “IT for Innovative Services (ITIS)”. Ses domaines d’applications sont alignés sur la stratégie nationale «Digital Lëtzebuerg» et concernent notamment les FinTech qui sont d’une importance cruciale pour la Place financière.
Enfin, la double thématique des matériaux composites durables et des nanomatériaux et nanotechnologies s’articule au sein du département “Materials Research and Technology (MRT)”. Nous avons par exemple initié le plus grand projet de recherche collaborative jamais signé au Luxembourg avec Goodyear, dont l’un des deux centres mondiaux de recherche et de développement est installé au Luxembourg. Il s’agit d’un partenariat multi-annuel jusqu’à 2020 dans lequel nous les aiderons à créer le pneu de demain et 38 chercheurs vont s’y atteler.
Et récemment, nous avons également initié une collaboration avec la NASA pour des applications spatiales, basées sur une technologie mise au point par les experts du LIST.
Comment se porte la réputation du LIST à l’international?
Je pense que nos collaborations avec la NASA et Goodyear sont des exemples parlants mais ce sont aussi les publications scientifiques qui déterminent notre valeur. Comme tout scientifique, les chercheurs du LIST doivent publier leurs recherches afin qu’elles soient acceptées ou rejetées par leurs pairs. Ceci se fait via des revues scientifiques dont certaines sont très prestigieuses, et où nous arrivons régulièrement à faire paraitre nos articles. Nous publions environ 350 articles par an.
Collaborant en outre, avec des universités de par le monde, nous sommes habilités à accompagner les thèses doctorales et nos chercheurs-cadres ont dirigé 72 doctorants en 2015, dont 20 soutenances de thèse.
Enfin, force est de constater que le Luxembourg arrive de plus en plus à attirer les chercheurs de renom et je veux à cet égard citer les programmes spécifiques «ATTRACT» et «PEARL» du Fonds National de la Recherche.
Comment faites-vous pour ne pas vous perdre au milieu de tous ces domaines de recherches ?
L’effectif du LIST est actuellement de 550 personnes et nous comptons l’augmenter à 600 d’ici la fin de cette année. Nous sommes en effet conscients de l’importance primordiale du rôle de la masse critique et nos programmes «Smart» nous permettent justement de nous limiter à un nombre précis de domaines.
Il faut bien comprendre qu’un sujet de recherche requiert des équipes de 30 à 40 chercheurs. Si un problème technique peut se résoudre en quelques mois, il n’en va pas de même pour la recherche appliquée. Se préparer aux défis de demain ne peut se mener à bien, que sur le long terme.
JuB