La digitalisation pour un «bond en avant»

Hier, lors de la 4e édition de son «Europe media day» à Paris, un mini-événement consacré aux médias européens, ArcelorMittal a affirmé vouloir se concentrer sur l'avenir de l'acier en investissant dans la digitalisation, tout en continuant à investir en faveur de l'environnement.

Source : Le Quotidien
Date de publication : 29/11/2017

Le secteur de la sidérurgie traîne l'image d'une industrie lourde et pesante, ou encore d'une activité faisant partie du passé. Pourtant ArcelorMittal tente de changer cette image en accentuant sa communication sur l'implémentation de la numérisation et la digitalisation tant dans ses lignes de production qu'au sein de ses centres de recherche et développement. Le géant de l'acier a consacré hier à Paris une partie de sa matinée dédiée aux médias du Vieux Continent à expliquer pourquoi et comment ses sites se tournent vers l'avenir et la création d'une industrie 4.0.

« Nous parlons de numérisation et de digitalisation comme d'une nouveauté, mais ArcelorMittal n'est pas novice en la matière, dans la mesure où nous sommes impliqués dans ce processus depuis plusieurs années, a souligné Wim Van Gerven. Le membre du comité de direction responsable de la transformation digitale pour l'industrie d'ArcelorMittal Europe a ajouté : «La nouveauté se trouve dans l'accélération et la rapidité des évolutions technologiques. Aujourd'hui, nous n'avons plus besoin d'attendre deux à trois ans pour que des prototypes soient mis au point et testés, mais juste quelques mois.»

Dans le secteur de l'acier, la digitalisation se concrétise par l'utilisation de capteurs et la capacité à utiliser des mégadonnées (big data), et par la mise à profit de l'internet des objets ou encore de l'automatisation des tâches lourdes et répétitives. « En utilisant des capteurs et en analysant les données générées, nous pouvons comprendre nos outils de travail, anticiper les problèmes comme des incidents liés à l'usure de nos machines. Nous sommes capables de prévoir les problèmes de soudure et éviter les pannes. Nous anticipons les incidents, ce qui a pour résultat de moins impacter nos lignes de production tout en améliorant notre efficience et notre compétitivité » a expliqué Wim Van Gerven avant d'ajouter : « Si aujourd'hui l'impression 3D n'est pas encore arrivée à maturité, nous gardons un œil attentif à cette technologie qui sera très utile pour produire et remplacer des pièces spécifiques pour les lignes de production. »

En regardant les différents postes de dépenses chaque année, on peut très facilement comprendre pourquoi le géant de l'acier souhaite utiliser la digitalisation pour être plus compétitif, étant donné que sur 200 millions d'euros investis chaque année en France, 30% sont consacrés à la maintenance. ArcelorMittal ambitionne même de gagner 10% de productivité en cinq ans grâce à la digitalisation de son industrie sidérurgique et compte sur une diminution de 10% des rebuts sortant des lignes de production.

Mais cette digitalisation va également changer les métiers du secteur : « Effectivement, la digitalisation et l'automatisation vont avoir un impact sur les effectifs. Il y aura sans doute moins de tâches difficiles et répétitives, et plus d'emplois créatifs. C'est un de nos grands défis, sans pour autant laisser des personnes sur le bord du chemin. Il ne faut pas juste faire de la digitalisation, il faut se poser la question de savoir comment créer de la valeur avec la digitalisation en y incluant l'homme. »

ArcelorMittal en mode start-up

Qui dit numérisation et digitalisation dit également risque de piratage informatique. Wim Van Gerven en est conscient et a souligné que c'est «un paramètre à prendre en compte qui fait partie de l'intégration de la digitalisation» , puis il a poursuivi : «Nous travaillons sur le sujet en réalisant des audits de sécurité de notre paysage informatique. En termes généraux, l'implémentation des processus de cette transformation à l'échelle d'un groupe comme le nôtre peut s'avérer être plus longue que dans une petite structure, mais une fois en place cela permet de gagner du temps et de l'efficience avec pour résultat une meilleure compétitivité .»

Fortement présent en Europe, ArcelorMittal a récemment créé des centres d'excellence numérique en Belgique, en France, en Pologne, en Espagne et au Luxembourg. « Aujourd'hui, si vous vous rendez dans nos installations, spécialement en Europe, vous y verrez de petits groupes de personnes travaillant comme le font les start-up, a souligné Aditya Mittal, directeur financier et directeur en charge de l'Europe. D'ailleurs, la plupart de ceux qui rejoignent le secteur sidérurgique ne s'attendent pas à trouver ça dans une société sidérurgique de la taille d'ArcelorMittal. »

Pour illustrer cette volonté, il y a déjà quelques mois, une petite équipe de scientifiques des données a été recrutée au Luxembourg pour stimuler davantage les initiatives digitales pour les clients. Une initiative de plus au niveau luxembourgeois, le géant de l'acier coopérant depuis longtemps avec le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST).

ArcelorMittal est donc résolument tourné vers l'avenir afin de garder sa mainmise sur l'acier à haute valeur ajoutée mais aussi une longueur d'avance sur ses concurrents, notamment chinois. « Avec la digitalisation, nous sommes sur le point de faire un énorme bond en avant sur le plan des avantages tant au niveau des processus de fabrication que pour nos clients », a conclu Wim Van Gerven.

ArcelorMittal n'a cependant pas voulu chiffrer le coût de cette transformation digitale.

Une vitrine de l'acier

Interrogé sur le futur siège d'ArcelorMittal au Luxembourg, Aditya Mittal s'est dit très «enthousiaste». «Pour le moment, nous sommes locataires du bâtiment où se trouve notre siège au Grand-Duché et je pense que c'est une bonne idée d'avoir bientôt notre propre bâtiment. Ce futur siège devra être la vitrine de l'acier et de ce que permet l'acier en termes de capacité, d'utilisation de l'espace pour un bâtiment, mais également de montrer que l'acier est une matière recyclable, même lorsqu'il s'agit de construire un immeuble. Notre futur siège devra donc être le reflet de l'acier.»


JEREMY ZABATTA

 

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