L'Etat à l'écoute de Belval

Entre la rentrée universitaire et l'inauguration officielle d'une partie des infrastructures de Belval, Hansen livre sa vision du site et explique ses attentes.

Source : Le Jeudi
Date de publication : 24/09/2015

 

« Quand je suis arrivé au ministère, il existait plusieurs scénarios concernant la rentrée à Belval. A l'époque, il n'était pas exclu de démarrer en 2018. » Ces craintes sont désormais oubliées et le secrétaire d'Etat à l'Enseignement supérieur et à la Recherche en est soulagé. Tout n'est pas pour autant terminé. Il s'agit de « remplir ces beaux édifices de substance », attaque-t-il. La jeune université et les centres de recherche qui gravitent autour ont donc du pain sur la planche, car Marc Hansen ne veut pas que Belval «serve à faire de l'art pour l'art ».

Un mot d'ordre régit cette philosophie du site d'innovation Belval: impact socio-économique. Les résultats doivent être tangibles et bénéficier à toute la société. Création d'emplois, formation de futurs employés capables, contacts permanents avec les acteurs économiques. Et ce ne sont pas là des mots vides. Le ministère surveille de près le respect des contrats de performance qui lient les institutions d'enseignement supérieur et de recherche à l'Etat: « Les contrats actuels arriveront à échéance dans deux ans. Il est temps à présent de procéder à une première évaluation et de préparer les contrats qui débuteront en 2017. Ce seront les premiers qui porteront véritablement l'empreinte de ce gouvernement et qui nous permettront de mieux définir notre vision. »

Marc Hansen promet aussi que le gouvernement veillera attentivement à ce que les objectifs définis pour chaque institution soient respectés. Pour l'instant, il s'agit de mettre en place, par le biais de la recherche, la stratégie de diversification économique de la coalition. Technologies de l'information et de la communication, développement durable, matériaux, autant de domaines que l'Université et les centres de recherche doivent valoriser.

Pour atteindre ces buts, le dialogue est permanent entre les acteurs du campus et les décideurs politiques qui, assure le secrétaire d'Etat, « sont à l'écoute des dirigeants de Belval ». Ces derniers bénéficient en quelque sorte d'un droit d'initiative puisqu'ils ont la possibilité de proposer eux-mêmes des projets, à condition qu'ils correspondent aux priorités de diversification.

Facilitateur

Le nouveau campus, avec son matériel à la pointe de la technologie, joue un rôle de facilitateur: « Lors des premières Assises de la recherche qui se sont tenues à Belval en décembre 2014, un des principaux constats était la nécessité d'améliorer le dialogue entre les acteurs de la recherche. Il existe maintenant des coopérations très concrètes entre l'Université et le List (ndlr: Luxembourg Institute for Science and Technology) en ce qui concerne des chaires communes par exemple. »

Hansen ne veut cependant pas s'arrêter là et préconise un allègement des charges administratives. Des fusions, comme celle qui a abouti à la création du List, ne sont pas prévues à court terme, mais le secrétaire d'Etat n'est pas hostile à l'idée. Il confirme d'ailleurs que la fusion des Centres de recherche publics Lippmann et Tudor a été une réussite, même si les débuts ont été quelque peu difficiles en raison des craintes des uns et des autres: « Je crois que c'est tout à fait humain d'avoir peur lorsque la routine est chamboulée mais, après sept mois d'existence, le List a trouvé ses marques et les personnes qui le gèrent sont très compétentes. »

En attendant, le secrétaire d'Etat veut davantage « institutionnaliser » les collaborations en créant des instances communes et un cadre fixe. Une nécessité, selon Hansen, car la bonne volonté des acteurs n'est pas suffisante pour rendre le travail encore plus efficace.

Il annonce aussi la couleur en affirmant que les prochains contrats de performance seront plus « corsés ». C'est-à-dire que les contrôles seront plus sévères et que les dotations de la part du ministère dépendront de la réalisation concrète des objectifs. « Si nous voulons garantir un impact socio-économique, il faut être exigeant. L'Etat investit beaucoup dans la recherche et s'attend à un retour sur investissement. Cela me paraît logique. »

En revanche, il ne faut pas s'attendre à des miracles et laisser à la « jeune université » et aux chercheurs suffisamment de temps. « C'est pour cette raison que ces contrats courent sur quatre ans. Les résultats qui comptent sont ceux que les institutions révèlent au terme d'un de ces contrats. » Le fait que ces contrats exigent aussi des centres de recherche de trouver des investissements privés n'inquiète pas outre mesure Marc Hansen, car tant l'Université que les centres gardent une grande autonomie dans leurs travaux.

Maurice Magar

 

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