Le scandale Volkswagen, la Cop21, l’augmentation du CO2 et le réchauffement climatique ont clôturé l’année 2015 en rapprochant un peu plus l’épée de Damoclès écologique sur 2016. Aux morosités environnementales, il existe cependant des contre-exemples de réussites et Sudstroum qui est un fournisseur d’électricité 100% verte appartenant à la ville d’Esch-sur-Alzette en est un. «La moitié de notre électricité provient de l’éolien, le reste venant de l’hydro-électrique, de la biomasse et du solaire», nous expliquent Jeff Paulus et Torsten Schockmel, respectivement directeur technique et directeur administratif et financier de Sudstroum.
Source : Lëtzebuerger Gemengen n° 183
Date de publication : 01/01/2016
D’ici cinq ans, le Luxembourg se dotera de 800 bornes de chargement électrique à travers le pays, est-ce que Sudstroum collabore à cette initiative?
JP : Oui, Sudstroum participe à la mise en place de ces bornes. Les emplacements sont définis en collaboration avec la ville d’Esch-sur-Alzette. Dans ce projet national, 17 bornes sont prévues pour le centre-ville et 10 pour le site d’Esch-Belval.
Comme beaucoup d’autres communes du pays, Esch-sur-Alzette connaît un manque important de places de stationnement. Puisque la loi va contraindre les communes à s’équiper de bornes, Sudstroum, en sa qualité de fournisseur d’électricité verte appartenant à 100% à la ville, avait les qualités nécessaires pour effectuer le premier repérage des différentes problématiques. Cela répond aussi aux enjeux liés à la réduction du CO2.
TS : Nous avons beaucoup de projets en collaboration avec la commune et notamment l’électromobilité. Nous avons élaboré un parc automobile de huit voitures électriques en coopération avec le CHEM et la ville dans le but que les employés communaux et ceux du CHEM puissent les utiliser pour leurs déplacements professionnels.
Le nombre de voitures augmentera en fonction du nombre de locations, de réservations et donc d’utilisations mais on peut d’ores et déjà dire que c’est une réussite.
Ces automobiles électriques seront-elles à la disposition des citoyens ?
TS : Seulement si la commune le décide mais c’est une réflexion à entreprendre. Cela pourrait en effet être une alternative aux embouteillages, aux pollutions urbaines et au manque de parking. Avec l’Université de Luxembourg, Esch-sur-Alzette a un gros potentiel de par ses étudiants qui ont souvent un permis sans pour autant avoir une voiture. Les voitures électriques sont dans des lieux stratégiques de la ville, les utilisant régulièrement je peux vous assurer qu’elles sont parfaitement adaptées à la conduite en ville.
JP : Cependant, gérer le système de Car Sharing n’est pas notre Core Business et l’ouverture de ce système au grand public implique d’autres contraintes. La volonté de départ était de voir si les différents services communaux étaient prêts à délaisser leurs voitures de services. Nous savons maintenant qu’ils le sont.
D’autres projets…
TS : Nous avons l’ambition de combattre la pauvreté liée à l’énergie. La nouvelle loi sur l’efficience énergétique contraint les fournisseurs d’électricité et de gaz naturel situés sur le territoire du Grand-Duché de Luxembourg à procéder à des économies d’énergies auprès de leurs clients. Cette loi prend aussi en compte ceux qui n’arrivent plus à payer leur facture d’électricité. Nous voulons profiter de cet élan pour aller encore plus loin.
La pauvreté est très présente à Esch-sur-Alzette et elle est plus élevée que la moyenne nationale. C’est pourquoi nous collaborons avec les offices sociaux pour trouver des solutions. Notre expert en énergie évalue les consommations des ménages les plus démunis pour repérer les appareils qui consomment le plus et nous les aidons financièrement à les remplacer. Sudstroum appartient à 100 % à la ville d’Esch-sur-Alzette, il est donc normal d’œuvrer pour nos concitoyens.
JP : Nous proposons aussi l’expertise de notre spécialiste à nos clients, et ce gratuitement. Il peut évaluer en quelques minutes seulement, le potentiel d’un bâtiment et s’il en existe un, alors un autre conseiller (payant cette fois-ci) pourra venir évaluer plus précisément les investissements à réaliser.
Esch-sur-Alzette peut-elle devenir énergiquement autonome?
TS : Nous fournissons une électricité 100% verte mais formulons aussi l’ambition de produire sur place.
Nous avons lancé une étude auprès du LIST (Luxembourg Institute of Science and Technology) pour définir les conditions que nous devons remplir pour être autonome et nous savons déjà que nous n’atteindrons jamais l’autonomie absolue. Le but de cette recherche est de connaître le potentiel réalisable.
Nous avons déjà lancé des études pour la construction d’une ou plusieurs éoliennes mais elles ne sont pas compatibles avec la réserve naturelle Ellergronn et le parc Gaalgebierg, ni même avec les habitations qui sont trop proches. Les contraintes de bruits et d’ombres seraient trop importantes et nous savons alors que la production d’énergie ne se fera pas par le vent.
Reste le solaire et l’efficience énergétique; le LIST effectue déjà dans son étude une carte des toits qui seraient bien orientés à accueillir des installations solaires.
JP : … ce qui pourrait être intéressant pour les habitants et les coopératives. La loi va changer le seuil limite de production. Les 30 kilowatts pourront être dépassés mais pour les coopératives uniquement. Nombreux sont les propriétaires d’appartements et les coopératives sont alors une solution. Nous travaillons de concert avec la Transition Minett en finançant le projet. Nous faisons le préfinancement et la coopérative nous rembourse au terme de dix années.