Ce projet, doté d'un budget de 4 millions d'euros, jouera un rôle essentiel dans la définition de l'avenir des communications sans fil en Europe.
Le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) s’apprête à coordonner un projet sur les réseaux mobiles 6G financé par le Smart Networks and Services Joint Undertaking (SNS JU) dans le cadre du programme Horizon Europe. Intitulé 6G-TWIN, le projet fait partie des 27 nouvelles initiatives de recherche et d'expérimentation sélectionnées dans le cadre du deuxième appel à projets du SNS JU, qui seront toutes opérationnelles à partir du 1er janvier 2024. Créé par la Commission européenne en 2021, SNS JU sert de base pour encourager la croissance des composants, systèmes et réseaux de communication intelligents, qui jouent un rôle crucial dans la construction d'une chaîne d'approvisionnement européenne de premier plan pour les technologies de pointe de la 5G et de la 6G à venir.
L'intégration rapide de la technologie numérique dans des secteurs tels que les transports et la fabrication a renforcé le besoin de services de communication et d'informatique efficaces. Pour y répondre, il est essentiel d'adopter des approches innovantes pour l'architecture de la 6G, afin de dépasser les capacités actuelles de la 5G.
« Chaque génération de technologie mobile prend environ une décennie pour évoluer de la conception au déploiement commercial, » explique Sébastien Faye, coordinateur du projet 6G-TWIN. « Depuis les premières générations, qui ont apporté une connectivité cellulaire de base, jusqu'à la 5G, qui facilite des applications révolutionnaires telles que la mobilité connectée et automatisée, chaque itération introduit de nouvelles capacités pour répondre à une demande qui ne cesse de croître. Les réseaux deviennent de plus en plus complexes et distribués, nécessitant une grande variété de technologies pour fonctionner. Avec la 6G, qui se profile maintenant à l'horizon 2030, il est essentiel de concevoir, d'expérimenter et de normaliser de nouvelles architectures de réseau avec plus d'intelligence et d'automatisation - c'est ce que nous proposerons dans ce projet. »
Les feuilles de route européennes pour la 6G donnent la priorité à un système de gestion des réseaux complexes basé sur l'IA. Ces réseaux doivent être durables, économes en énergie et adaptables à divers services et modèles commerciaux. La mise en place d'une communication unifiée cohérente et d'une architecture informatique nécessite des méthodes non conventionnelles, ainsi qu'une collaboration entre les groupes de normalisation et les chefs de file de l'industrie pour une intégration pratique sur le marché.
Pour y parvenir, le consortium 6G-TWIN « explorera le concept de jumeau numérique de réseau (NDT) et son intégration dans les futurs systèmes 6G, » explique le chercheur. La création d'une réplique numérique en temps réel de l'infrastructure physique du réseau (c'est-à-dire les NDT) signifie la création d'un bac à sable (« sandbox ») dans lequel il est possible d'entraîner des modèles et de tester différents scénarios avant de les déployer sur des contrôleurs de réseau physiques. « La 6G permettra une interaction en temps réel entre les réseaux physiques et ces copies numériques, dans le but d'optimiser divers paramètres, d'anticiper les défaillances, d'améliorer l'efficacité énergétique et ainsi de suite, » ajoute-t-il, « ouvrant ainsi la voie à des réseaux hautement efficaces et intelligents. »
Le projet prévoit également la création de démonstrateurs qui valideront les concepts développés, ajoute Sébastien Faye. Ces démonstrateurs englobent la conduite téléopérée et la distribution de réseaux à faible consommation d'énergie. « En explorant ces applications du monde réel, le projet contribuera non seulement à l'avancement théorique de la 6G, mais démontrera également sa faisabilité pratique, grâce au large éventail d'expertise des 11 partenaires du projet. »
Le consortium 6G-TWIN est composé de multiples partenaires, allant des universités et centres de recherche (IMEC, Politecnico di Bari, Technische Universität Dresden, Université de Bourgogne) aux PME (Accelleran, Research to Market Solution France, Ubiwhere) en passant par de grandes entités industrielles (Ericsson Araştırma Geliştirme ve Bilişim Hizmetleri A.Ş., Proximus Luxembourg, VIAVI Solutions). Au Luxembourg, la collaboration inclut Proximus Luxembourg/Telindus, avec qui le LIST a déjà un accord de collaboration sur le développement de cas d'utilisation basés sur la connectivité avancée. Avec un budget total de 4 millions d'euros sur trois ans, cette initiative illustre l'engagement de la Commission européenne à encourager l'innovation et la recherche qui façonneront l'avenir de la communication sans fil et, au sein du LIST, un autre pas vers la création d'un centre d'excellence solide autour des technologies de jumeau numérique.