Adopté à l’unanimité en 2015, l’accord de Paris a mis en lumière l’urgence climatique face à laquelle la société est désormais confrontée et a encouragé une mobilisation mondiale des acteurs scientifiques, politiques comme des citoyens. Son objectif : mitiger les effets du changement climatique et atteindre une neutralité carbone d’ici 2050.
Comment contribuer à de tels résultats avec des actions à l’échelle nationale ? C’est l’une des problématiques auxquelles Enrico Benetto, chercheur et chef d’unité au sein du LIST, souhaite apporter des éléments de réponse au sein de l’Observatoire de la politique climatique. Nommé par le Conseil du Gouvernement sur proposition du Ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable (MECDD), il a rejoint en octobre 2021 cet organe tant consultatif qu’opérationnel aux côtés de 6 autres experts pour un mandat renouvelable de cinq ans.
Depuis décembre 2020, la loi climat offre un cadre légal qui soutient les efforts initiés par le gouvernement dans son Plan Climat et Energie pour une réduction des gaz à effet de serre au niveau national de 55 % d'ici à 2030 par rapport au niveau de 2005 et une neutralité climatique d'ici 2050 au plus tard. L’Observatoire de la politique climatique est une instance qui découle directement de cette loi et travaille aux côtés du Comité de coordination interministériel pour l’action climat ainsi que de la Plateforme action climat et transition énergétique.
« Dans ce cadre, la mission principale de l’Observatoire est d’identifier quelles trajectoires suivre, et à l’aide de quelles actions, pour respecter les engagements climatiques du Luxembourg. Nous sommes en étroit lien avec les autres instances, pour qui nous faisons acte de conseils et dont nous obtenons des retours sur la réalité du terrain », explique Enrico. Tandis que le Comité de coordination interministériel fait le pont entre l’ensemble des ministères, la plateforme a pour vocation de rassembler l’ensemble des parties prenantes pour relever les défis et résistances auxquelles elles sont confrontées : du monde de la finance à l’industrie en passant par les organisations associatives.
Au-delà d’une action de conseil en matière de projets à mettre en œuvre dans les prochaines années, l’Observatoire a également pour mission d’évaluer scientifiquement les mesures adoptées. Les membres de cet organe mettent à profit leur expertise complémentaire pour quantifier la réduction des émissions de gaz à effet de serre et s’assurer de l’absence d’effets collatéraux sur d’autres dimensions environnementales, sociales et économiques. Aux côtés de climatologues et de chercheurs s’intéressant aux volets socio-économiques comme participatif de la thématique, Enrico met à profit son expertise pour relier l’évaluation environnementale aux différents secteurs économiques ainsi qu'aux technologies, et ce, dans des secteurs clefs tels que la mobilité et la construction durables ou encore la finance verte.
L’Observatoire est plus qu’un organe consultatif. « Face à une trajectoire de décarbonisation qui mérite d’être approfondie, ou encore l’identification de certains problèmes qui requièrent des connaissances scientifiques plus pointues, nous aurons la possibilité d’initier des recherches et études. Et, c’est par ce biais que nous pourrons identifier et promouvoir les changements prioritaires au niveau sociétal et économique qui seront nécessaires à l’échelle nationale pour attendre les objectifs climatiques », détaille Enrico.
Forts de son expertise en Analyse du Cycle de Vie (ACV) et éco-conception, le LIST travaille d’ores et déjà à des scénarios de décarbonisation dans le cadre de la consultation internationale « Luxembourg in Transition 2050 ». En collaboration avec l’Université du Luxembourg et le Centre for Ecological Learning Luxembourg, Enrico et son équipe mènent une étude pour comprendre comment le Luxembourg peut atteindre ses objectifs climatiques à l’horizon 2050 à travers plusieurs scénarios de transformation du pays.
« Cette étude s’intéresse aux actions et changements intégrés à opérer dans divers secteurs, tels que l’agriculture, la mobilité ou encore l’habitat, pour contribuer à atteindre la neutralité carbone. Nous avons pu en discuter lors de nos premiers échanges au salon KlimaExpo, et elle pourrait constituer une base importante pour les travaux de l’Observatoire », ajoute Enrico.
Afin de pouvoir agir et réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre du pays, deux aspects clefs sont à considérer : l’un technologique et l’autre comportemental. Il est possible et important d’adopter des technologies plus propres, et notamment moins émettrices de gaz à effet de serre, pour améliorer le bilan global. « Un exemple classique est de remplacer un véhicule thermique pour un véhicule électrique. En considérant l’ensemble du cycle de vie des véhicules, les émissions ne sont certes pas nulles mais diminuées d’environ 60% (70% d'ici 2030), en prenant en compte le mix énergétique moyen Européen et la fin de vie des batteries », illustre Enrico tout en soulignant que ce premier levier d’action n’est pas suffisant.
En vue d'atteindre les objectifs sur la durée, le volet comportemental est aussi à prendre en compte. « Une transition vers une certaine sobriété énergétique, et des habitudes de consommation en règle générale, est en effet requise. Pour parvenir à un changement pérenne - et les différents confinements pendant la pandémie l’ont bien montré - il semble important que cette transition puisse aller de pair avec le bien-être de chacun, qui ne doit pas pour autant être entravé », précise Enrico. Le lien entre bien-être et développement durable, encore très peu exploré du fait sa complexité en termes de quantification et d’évaluation, est une piste de recherche au LIST et pourrait également être intégrée dans les réflexions futures de l’Observatoire.