Suite à la Conférence de Paris en 2015, plusieurs pays membres de l’Union européenne, dont le Luxembourg, se sont engagés à atteindre la neutralité carbone (autrement dit, à ne pas émettre plus de CO2 qu’ils n’en consomment) d’ici 2050.
Pourtant, selon une étude récemment publiée par l’ONU, les efforts déployés jusqu’ici ne seraient pas suffisants, notamment dans le secteur du bâtiment qui représente à lui seul près de 40% des émissions de CO2 mondiales !
Mais alors comment atténuer l’empreinte carbone de nos bâtiments ?
Telle est la question que se sont posés nos chercheurs et leurs homologues de l’Université de Cardiff. Lancé en 2020, le projet SemanticLCA a reçu le soutien du Fonds National de la Recherche (FNR) au Luxembourg et de l’Engineering and Physical Sciences Research Council (EPSRC) au Royaume-Uni.
« La notion de compromis ici est importante : au vu des avancées ces dernières années en matière de performance énergétique, nous souhaitions développer une méthode capable de réduire l’impact environnemental de nos bâtiments, tout en préservant la santé et le bien-être de ses occupants. » explique Sylvain Kubicki, chercheur au LIST.
Si la phase de conception d’un bâtiment nous donne généralement beaucoup de latitude, une fois certains choix opérés (sur le type de chauffage à utiliser ou le choix des menuiseries par exemple), difficile de revenir en arrière…
L’équipe multidisciplinaire de Sylvain s’est donc penchée sur l’analyse de cycle de vie dynamique (de l’anglais « Dynamic Life Cycle Assessment ») afin d’optimiser nos bâtiments tout au long de leur cycle de vie et ainsi allier « santé, énergie et confort ».
En reliant les informations fournies en amont par les cabinets d’architectes et les constructeurs, sous la forme de maquettes numériques (BIM), et en temps réel par les capteurs déployés dans le bâtiment (sur l’occupation, la qualité de l’air intérieur et extérieur, les systèmes domotiques etc.), nos chercheurs tentent de fournir des recommandations personnalisées aux occupants, comme par exemple « ouvrir les fenêtres » ou encore « baisser les stores ».
Un prototype d’outil d’aide à la gestion du bâtiment devrait bientôt voir le jour, démontrant ainsi les capacités d’interactions entre un bâtiment et ses utilisateurs. « Un point essentiel pour développer le concept de smart building dans les années à venir ! » nous confie Sylvain.
Par ailleurs, les perspectives scientifiques ne manquent pas. Pour remédier à l’incomplétude et à l’incertitude des données et ainsi affiner l’analyse du cycle de vie de nos bâtiments et de nos quartiers, l’équipe de Sylvain aura recours à l’apprentissage automatique (de l’anglais « Machine Learning »).
L’analyse de cycle de vie est donc un outil formidable en matière de politique urbaine et de gestion immobilière : son utilisation permet non seulement d’évaluer la performance énergétique d’un projet de construction ou de rénovation mais présente également un grand intérêt pour la gestion durable des bâtiments et des quartiers !