Une chercheuse du LIST remporte le prix PETA Science Consortium International pour son travail dans le domaine de la recherche sans recours aux animaux

Publié le 08/02/2024

Le Dr Aline Chary, research and technology associate au Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST), a reçu le prix PETA Science Consortium International e.V. (PSCI) « Early career scientist award » pour l'année 2023. Ce prix, accompagné d'un don de 35 000 euros, récompense ses travaux visant à remplacer l'utilisation de composants d'origine animale dans les cultures cellulaires (processus consistant à cultiver des cellules en dehors de leur environnement naturel, généralement dans un laboratoire).

Les travaux de Dr Aline Chary portent sur le remplacement du sérum bovin fœtal (FBS), couramment utilisé dans les cultures cellulaires, par des produits de substitution exempts d'animaux. « Dans les cultures cellulaires, le milieu utilisé pour nourrir les cellules est un élément crucial. En général, ce milieu consiste en une solution de base complétée par du FBS, dérivé du sérum fœtal de veau », explique-t-elle. « De nombreux chercheurs engagés dans des études in vitro ajoutent fréquemment du FBS à leurs milieux de culture, sans savoir que le FBS est en fait dérivé d'un veau vivant à naître. Le prélèvement de sérum, effectué sans anesthésie, inflige des souffrances et soulève donc de sérieuses questions éthiques ».

Aline Chary n'en est pas à sa première récompense. Ses travaux lui avaient déjà valu le prix Lush en tant que jeune chercheuse en 2018. En fait, le coup de pouce initial pour ses recherches a été donné par le prix de 10 000 euros qu'elle a reçu. « Cependant, la complexité de la tâche a nécessité des financements et des collaborations supplémentaires », ajoute-t-elle.
Vers 2020, elle a commencé à collaborer avec PETA. Depuis lors, elle participe activement au développement de substituts sans animaux pour le FBS et d'autres composants d'origine animale utilisés dans la culture cellulaire, tels que la trypsine porcine, une enzyme dérivée du porc, et les anticorps provenant d'animaux tels que les souris, les chèvres ou les lapins.

Par ailleurs, Aline Chary était également le chercheur principal du projet NAMI InitiaLIST, qui portait sur la conception d'un milieu personnalisé au LIST pour cultiver certaines cellules, en s'éloignant des composants d'origine animale. "Nous avons également travaillé à la mise au point d'un milieu de coculture permettant de cultiver des cellules ensemble, ce qui avait été initié pendant mes études de doctorat. Cette méthode a été baptisée « modèle AliSens » par Invitrolize, une entreprise dérivée du LIST, qui utilise le modèle de Dr Aline Chary pour prédire l'impact des produits chimiques sur la santé humaine, sans avoir recours à l'expérimentation animale.

En parlant de sa motivation, la chercheuse déclare : « J'ai trouvé un peu ironique que, tout en plaidant pour la réduction de l'expérimentation animale grâce à des méthodes in vitro au cours de ma thèse de doctorat, nous ayons encore largement recours à des composants d'origine animale ». Toutefois, cette ironie a également donné l'occasion d'être un pionnier dans le domaine du remplacement de ces composants par des solutions alternatives.

La recherche de Dr Aline Chary a servi de précurseur, suscitant l'intérêt et ouvrant des portes pour une exploration plus poussée dans ce domaine. « La publication de nos résultats nous a valu de nombreuses invitations à présenter nos travaux lors de conférences et à nouer de nouveaux contacts. »

Lorsqu'on lui demande comment elle envisage d'utiliser l'argent du prix cette fois-ci, elle répond qu'il servira à financer ses recherches. « Avec cet argent, nous prévoyons de travailler sur trois autres types de lignées de cellules pulmonaires, afin qu'elles passent à des conditions sans FBS. Nous voulons continuer à tester et à améliorer nos méthodes jusqu'à ce que nous puissions établir des protocoles robustes et sans animaux », conclut-elle.

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